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La littérature et la morue

L’auteur décrit la morue comme une bête – qui, pêchée à Terre-Neuve (on ne connait pas exactement la date, mais c’est bien clair que c’était pendant la Grande pêche à la morue), avait peur pour sa vie et a demandé le patron qu’est-ce que l’attend.

Le poème n’est pas autre chose qu’une fable, qui, donnant vie à la morue, met en évidence l’impuissance d’un seul individu par rapport aux grands pouvoirs mondiaux ; ainsi que la naïveté et la simplicité des gens et le fait qu’il faut se soumettre à la mode au présent, c’est-à-dire apprendre à subir les choses qu’on ne peut pas changer.

Aux cinoches de Créteil

Y jouaient que des pornos

Moi ça m’disait trop rien

J’les avais déjà vus

J’ai dit à mes copains

Y’a un baloche à Sarcelles

C’est mon dernier bal

Demain dans l’journal

On va y faire un saut

Y aura p’t’être des morues

Et puis ça fait un bail

Qu’on s’est plus bastoné

Avec de la flicaille

Ou des garçons bouchers

Ma dernière virée

Y’aura mon portrait.

    Dès les temps de l’antiquité le poisson a joué un rôle très important dans la vie quotidienne, étant utilisé dans la nourriture, mais également considéré comme un animal aquatique sacré. En partant de la préhistoire et jusqu’à nos jours- l’homme a eu toujours la tendance de représenter tous ce qui l’entoure. L'art est né avec homo sapiens. L’évolution de l’homme et de ses capacités a conduit vers l’extension des moyens de représentations du poisson dans l’art et la littérature. Les gravures sur les pierres et la peinture à l’aide des minéraux broyés se sont développés et, de nos jours, on immortalise le poisson, notamment la morue dans des chansons, poèmes, filmes, peintures et même romans. 

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    En France, la morue a gagné sa place, bien méritée, dans l’art et la littérature grâce à la grande pêche à la morue. Même si le terme de cabillaud est apparu dans la langue française bien avant (1278), ce n’est qu’au XVI siècle qu’un vrai processus d’illustration de la morue c’est démarré. 

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    Un autre processus intéressant concernant le terme de « morue » est la métaphorisation- tendance de parler avec de métaphores, de donner un sens figuré transféré d’un autre terme. Antony Lhéritier disait « Chaque homme a sa mer», chaque poète a la sienne. La mer et la poésie c’est sont profondément mêlées au fil des siècles, le vrai poète saura toujours trouver son inspiration dans l’océan : source tumultueuse et riche par les couleurs, la flore et la faune.

Le terme de la morue a été profondément métaphorisé, étant connu pas seulement comme : « Grand poisson de mer du genre gade, vivant dans les eaux froides et faisant l'objet d'une pêche intensive et d'un commerce important », d’après le site Lexicologos, mais aussi certaines expressions figées dans la langue française y sont attribués. Comme exemple sert le terme : «moruefier », qui est un verbe transitif signifiant : sécher comme une morue. Ce terme a été employé par Francis Jammes dans ses mémoires « Au-dessus de l'une des fenêtres, le toit de la terrasse s'étendait, et j'y disposais mes effets. Le soleil de juillet (...) avait vite fait de les moruefier».

Un autre exemple pertinent c’est la queue-de-morue (queues-de-morue, nom féminin) employé par les peintres, désignant une brosse large et plate, utilisée par les peintres en bâtiment et les peintres-décorateurs. L’histoire du ce terme remonte aux années 1871 connu comme « large pinceau plat »

Le prix d’un tel instrument, en France, c’est environ 5 euros.  

 

    Un autre sens familier et vieux de ce terme c’est : habit de cérémonie. Alors que l’expression assez répandue en France finir en queue de morue/de poisson veut plutôt dire « finir brutalement, de manière décevante, sans donner les résultats attendus ». Pierre Dupuis (bloggeur français, connu sous le pseudonyme Rotpier), a publié sur son site le poème Patatras (2012), qui décrit cette fin tragique, l’échec, la non-réalisation de son rêve :

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Patatras !

Et mon rêve décolle

vers le trottoir d’en bas,

pas si reine que ça :

la sirène racole !

 

Planté sur l’avenue,

je reste sur ma faim,

ruminant cette fin

tout en queue de morue !

 

    Dans le registre ancien de la langue française, vers les années 1840, le terme morue a gagné un autre sens, employé aussi dans l’expression « traiter quelqu’un de morue », dont le sens est d’insulter une personne, le plus souvent les femmes. Cette métaphorisation négative du terme a été utilisée par grand nombre d’écrivains français comme Emile Zola, Henry de Montherlant, Georges Magnane etc. désignant toujours les morues comme des femmes prostituées, de mauvaise vie ; filles faciles…

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    Cette connotation est très connue dans le monde des chanteurs français, beaucoup d’entre eux ont employé ce terme dans ses chansons (Géo Sandry, Nonce Casanova, Renaud), toujours ayant le but de décrire la vie pleine de distractions, d’alcool et des prostituées. Par exemple en 1979, Renaud lance sa chanson « C’est mon dernier bal » :

Au-delà de cette connotation négative du terme morue, certains écrivains d’origine française ont parlé et parlent encore de la morue comme habitant de la mer, en associant, dans ses poèmes, la morue avec la beauté des sirènes ; les marins et la pêche à la morue. D’autres ont même essayé ,,d’insuffler la vie’’ dans ce poisson en s’imaginant des dialogues et ce qui pourrait être dans la tête d’une morue.   

L’auteur alsacien Théophile Conrad Pfeffel (1736-1809), dans son ouvrage ,,Fables et poésies choisies’’(traduit en français par Paul Lehr en 1840, Strasbourg) a dédié un poème à la morue, en décrivant une scène de la grande pêche à la morue par les yeux d’un patron et une morue captivée qui s’inquiétait sur son destin.

© 2017 patrimoinemorutier

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